On
connaît Alleuze pour son château,
moins pour son église. L’un
et l’autre sont modestes, mais le château bénéficie d’un cadre
grandiose, sur son piton, surplombant la Truyère domestiquée, et en
retour l’église bénéficie de la présence romantique du château.
Ensemble ils forment un site touristique et culturel de premier
ordre.
Rappelons rapidement l’histoire du château,
cité pour la première fois en 1277. Il fut pris par Bernard de
Garlan en 1383, qui ne le quitta, moyennant 30 000 Livres, qu’en
janvier 1391. Mais le château, mal gardé par une “ garnison ”
des plus réduites, aux ordres de l’évêque de Clermont,
constituait une menace permanente, et les milices de Saint-Flour
résolurent de l’abattre en 1405. L’évêque furieux porta plainte
et le fit reconstruire six ans plus tard par ceux-là mêmes qui l’avaient
démoli. C’est donc ce château reconstruit que nous avons sous les
yeux.
La paroisse d’Eloziae est citée en 1257, mais
l’église date du XIIe siècle. Il s’agit d’un pôle
paroissial isolé, car il n’y a nul village d’Alleuze, mais
seulement un château et une église. Le village de La Barge, au
sommet des gorges, est doté d’une chapelle plus accessible. On peut
supposer qu’un premier château existait à l’époque de la
construction de l’église romane.
L’église
Saint-Illide
L’église a conservé l’essentiel de ses structures d’origine,
à savoir trois travées ouvrant directement sur une abside circulaire
enchâssée dans un chevet à cinq pans. Les réfections furent
nombreuses. Au XVe siècle on ajouta deux chapelles
latérales sous ogives. A d’autres époques les voûtes primitives
furent remplacées par le lambris actuel, les doubleaux de la nef
furent refaits, etc. De l’église romane il reste donc :
abside et chevet en entier, avec l’arc triomphal, les murs de la
nef, la baie de la troisième travée, côté Sud, et son élégante
archivolte, les colonnes supportant les doubleaux ainsi que les
pilastres dans lesquels elles sont engagées. Le portail, ouvert au
Sud dans la travée centrale, est difficile à dater. Sa voussure à
bâtons rompus rappelle l’œuvre romane.
Les
colonnes de la nef ne supportent pas de chapiteaux mais de
simples tailloirs, exception faite de la colonne Sud de la
dernière travée, dont le chapiteau (refait ?) est orné
de volutes. L’arc triomphal
en revanche, à double rouleau brisé, a conservé deux chapiteaux
intéressants présentant, à droite des feuilles savantes, à
gauche des palmettes occupées en leur centre par des boules. L’abside
est voûtée en cul-de-four. La naissance de la voûte est
marquée par une corniche. Trois baies à large ébrasement,
romanes, éclairent cette partie de l’édifice, mais la baie
méridionale a été transformée en oculus pour laisser place,
en bas, à une porte qui mène à la sacristie. |
Aucune
décoration ne vient égayer les murs sombres du chevet.
A l’autre extrémité, un petit clocher
plus récent a été monté, moitié dans le mur, moitié à l’extérieur.
Il est trop petit pour l’église mais abrite une cloche vénérable
datée de 1558. Parmi le mobilier
il faut citer un très curieux autel, posé sur un tronc d’arbre, et
la statue du patron, saint Illide.
A l’extérieur, chemin de croix érigé en 1923, statue de la
Vierge (1876) et croix monumentale d’un médiocre intérêt. Un croix
plus ancienne ouvrait le chemin de croix, mais elle a disparu.
L’église d’Alleuze est donc intéressante, malgré les
reconstructions. Elle fut sans doute plus imposante à l’origine, en
tout cas la nef devait s’élever davantage, à en juger par les restes
de pilastres romans se noyant sous la voûte. Telle qu’elle est
aujourd’hui, dans ce site grandiose, elle mérite la visite.
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