Architecture
L’édifice
fait partie du groupe des églises à nef unique dotées d’une
coupole (Jaleyrac, Auriac, Coltines, Saint-Poncy…). Tout
est roman, à l’exception d’une sacristie et de la tour d’escalier,
du XVe siècle. Le portail occidental donne sur une
nef de deux
travées que sépare un doubleau porté par des colonnes en
encorbellement, comme à Andelat, petite sœur de Roffiac. On
retrouve ici et là des culots exactement identiques. Des
arcatures rythment les parois latérales. Chœur
et abside sont
ouverts par des arcs à double rouleau sur lesquels repose la
coupole sur trompes. Des arcades, doubles encore, jouent le
même rôle au Nord et au Sud, mais il n’y a pas de
transept, alors qu’il est ébauché à Coltines. Deux baies
éclairent la nef par le Sud, une autre le chœur, et cinq
autres l’abside circulaire enchâssée dans un chevet à
cinq pans. L’ébrasement de ces fenêtres forme de
véritables niches, comme à Andelat encore, ce qui range
Roffiac dans une catégorie très typée d’édifices
rencontrés dans la région de Saint-Flour. Des arcatures
inscrivent les baies, retombant sur six fines colonnes à
chapiteaux.
De
dimensions modestes, l’église n’en est pas moins
monumentale et aérienne, avec la succession très
artistique de la coupole et du cul-de-four, qui sont de
véritables voûtes célestes. L’impression est renforcée
ici par le bleu de fresques relativement récentes mais de bon
goût. Tout ou presque, d’ailleurs, est peint, chapiteaux
compris.
L’accent
n’a pas été moins porté sur l’extérieur, malgré la
sobre façade occidentale où sont percés un oculus et le portail.
Ce dernier évoque à nouveau Andelat puisque, comme là-bas,
il est fait d’une autre pierre et garni des mêmes boules
décoratives. Trois voussures retombent directement au sol,
inscrites par une archivolte à retour s’arrêtant au niveau
des contreforts. L’appareil n’est pas identique en haut et
en bas de cette archivolte : moyen en bas, petit en haut,
ce qu’une réfection peut expliquer. Mais la différence se
voit aussi au chevet
à deux niveaux. En haut, belles parois rythmées par des
arcatures ; en bas : murs dont seuls les angles sont
appareillés, le reste étant fait de moellons noyés. Cela se
voit beaucoup en Basse-Auvergne. Toutes les baies sont d’époque
et bien dessinées. Chaque pan du chevet est orné d’arcatures,
les deux extrêmes en plein cintre, l’arcade centrale étant
polylobée. C’est le seul exemple de ce genre en
Haute-Auvergne, exception faite d’un linteau trilobé à
Andelat, mais c’est un décor classique à l’époque
romane, fréquent en Velay, non loin, mais aussi en Limousin
et ailleurs. Quatre
colonnes soutiennent à chaque fois ces trois arcs ;
certaines, trop délitées, ont été remplacées par des
modernes qui jurent par leur différence de coloris. Il est à
souhaiter qu’on les teinte. Pas de modillons, mais à la
place une exceptionnelle série de chapiteaux que nous
détaillons plus loin.
On
peut supposer que le clocher
originel s’élevait au dessus de la coupole, c’est-à-dire
sur les parties fortes du bâtiment. Toutefois ce choix n’aurait
pas été très heureux esthétiquement car sa masse aurait
écrasé l’ensemble et nui à la composition générale. Le
massif du chœur, déjà largement plus élevé que la nef,
comme à Coltines, a pu n’être coiffé que d’un clocheton
ou, comme aujourd’hui, d’un simple clocher-peigne posé
sur l’arc triomphal. L’expérience montre en effet que,
pour la plupart, les clochers carrés romans ont survécu à
la Révolution, du moins leurs premières assises, ce qui doit
s’expliquer par la plus grande difficulté qu’il y avait
à les raser complètement.
L’ensemble
ne peut pas être spécialement rattaché à Conques, mais
plutôt au Velay, où nous retrouvons polylobes et
niches empâtées. Passons sur le caractère arabisant des
arcades tréflées, très contesté déjà au Puy. Le décor
lui-même, on va le voir, est trop classique pour marquer une
appartenance précise, mais certains éléments se retrouvent
dans les zones de Saint-Flour et de Mauriac. Il s’agit donc
bien d’une église de chez nous, simplement plus soignée qu’ailleurs,
et qui a pu servir de modèle. |