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Roffiac

 

Chapiteau des sirènes (choeur)

L'église de Roffiac est le monument le plus riche, le mieux orné de la région de Saint Flour. C'est aussi l'un des mieux conservés.

 

 

 

 

Historique    


 

Bâti presque intégralement, à l’origine, sur la rive gauche de l’Ander, non loin de Saint-Flour, le bourg de Roffiac (Ruffiacum) est cité en 943. Nous savons que peu avant, vers 940-942, l’évêque Etienne II donna l’église de Roffiac à Conques, dont il était également abbé. Les seigneurs de Roffiac sont connus au XIe siècle. En 1059 le comte Robert II de Clermont donne à Conques ses droits sur l’église de Tanavelle et constitue son vassal Géraud Ier de Roffiac gardien de la donation. Ce même Géraud et son fils, Etienne, confirment une autre donation de Robert à Lérins, à savoir deux mas à Talizat. Entre 1060 et 1080, Géraud Ier donne un mas de Montagudet (dans le Saint-Flour actuel) au prieuré de Saint-Flour, afin de construire une église Saint-Michel. En 1081 ses fils, Etienne et Géraud II, souscrivent le don de l’église de Valuéjols à Conques. Ces dons durent être fort appréciés par l’abbaye rouergate qui ainsi, par Tanavelle, Roffiac, Talizat, pouvait joindre son autre possession, Molompize, sans sortir de chez elle. Nous connaissons encore un Bernard de Roffiac, abbé de Pébrac au milieu du XIIe siècle, un Raymond, abbé de Moissac en 1214, un Robert, également abbé de Moissac, cité vers 1216 et 1224. Les Roffiac ont donc beaucoup donné, mais assez peu à Saint-Flour pourtant tout proche, à cause peut-être de cette proximité.

Au XIIIe siècle l’évêque de Clermont, recevant des biens à Roffiac, installe ici le siège de sa justice. Un premier château devait déjà s’élever à proximité de l’église. Ce qui subsiste date du XVe siècle. En plus de la tour actuelle on pouvait voir, au début du siècle, un morceau ruiné de logis. En 1574 une tour carrée était enveloppée par trois corps de logis. Cinq ou six tours crénelées complétaient la défense, l’église étant comprise, en partie du moins, dans l’enceinte. Une galerie permettait d’y accéder par le côté Nord, emplacement d’origine du portail déplacé depuis à l’Ouest. L’essentiel du château fut démantelé vers 1825 et les pierres récupérées pour diverses constructions.

L’église date du XIIe siècle, ou de l’extrême fin du XIe siècle. C’est le monument le plus riche, le mieux orné de l’arrondissement, et aussi l’un des mieux conservés. Cela justifie une visite attentive.  

 

 

 

 

Architecture


 

 L’édifice fait partie du groupe des églises à nef unique dotées d’une coupole (Jaleyrac, Auriac, Coltines, Saint-Poncy…). Tout est roman, à l’exception d’une sacristie et de la tour d’escalier, du XVe siècle. Le portail occidental donne sur une nef de deux travées que sépare un doubleau porté par des colonnes en encorbellement, comme à Andelat, petite sœur de Roffiac. On retrouve ici et là des culots exactement identiques. Des arcatures rythment les parois latérales. Chœur et abside sont ouverts par des arcs à double rouleau sur lesquels repose la coupole sur trompes. Des arcades, doubles encore, jouent le même rôle au Nord et au Sud, mais il n’y a pas de transept, alors qu’il est ébauché à Coltines. Deux baies éclairent la nef par le Sud, une autre le chœur, et cinq autres l’abside circulaire enchâssée dans un chevet à cinq pans. L’ébrasement de ces fenêtres forme de véritables niches, comme à Andelat encore, ce qui range Roffiac dans une catégorie très typée d’édifices rencontrés dans la région de Saint-Flour. Des arcatures inscrivent les baies, retombant sur six fines colonnes à chapiteaux.

De dimensions modestes, l’église n’en est pas moins monumentale et aérienne, avec la succession très artistique de la coupole et du cul-de-four, qui sont de véritables voûtes célestes. L’impression est renforcée ici par le bleu de fresques relativement récentes mais de bon goût. Tout ou presque, d’ailleurs, est peint, chapiteaux compris.

L’accent n’a pas été moins porté sur l’extérieur, malgré la sobre façade occidentale où sont percés un oculus et le portail. Ce dernier évoque à nouveau Andelat puisque, comme là-bas, il est fait d’une autre pierre et garni des mêmes boules décoratives. Trois voussures retombent directement au sol, inscrites par une archivolte à retour s’arrêtant au niveau des contreforts. L’appareil n’est pas identique en haut et en bas de cette archivolte : moyen en bas, petit en haut, ce qu’une réfection peut expliquer. Mais la différence se voit aussi au chevet à deux niveaux. En haut, belles parois rythmées par des arcatures ; en bas : murs dont seuls les angles sont appareillés, le reste étant fait de moellons noyés. Cela se voit beaucoup en Basse-Auvergne. Toutes les baies sont d’époque et bien dessinées. Chaque pan du chevet est orné d’arcatures, les deux extrêmes en plein cintre, l’arcade centrale étant polylobée. C’est le seul exemple de ce genre en Haute-Auvergne, exception faite d’un linteau trilobé à Andelat, mais c’est un décor classique à l’époque romane, fréquent en Velay, non loin, mais aussi en Limousin et ailleurs. Quatre colonnes soutiennent à chaque fois ces trois arcs ; certaines, trop délitées, ont été remplacées par des modernes qui jurent par leur différence de coloris. Il est à souhaiter qu’on les teinte. Pas de modillons, mais à la place une exceptionnelle série de chapiteaux que nous détaillons plus loin.

On peut supposer que le clocher originel s’élevait au dessus de la coupole, c’est-à-dire sur les parties fortes du bâtiment. Toutefois ce choix n’aurait pas été très heureux esthétiquement car sa masse aurait écrasé l’ensemble et nui à la composition générale. Le massif du chœur, déjà largement plus élevé que la nef, comme à Coltines, a pu n’être coiffé que d’un clocheton ou, comme aujourd’hui, d’un simple clocher-peigne posé sur l’arc triomphal. L’expérience montre en effet que, pour la plupart, les clochers carrés romans ont survécu à la Révolution, du moins leurs premières assises, ce qui doit s’expliquer par la plus grande difficulté qu’il y avait à les raser complètement.

L’ensemble ne peut pas être spécialement rattaché à Conques, mais plutôt au Velay, où nous retrouvons polylobes et niches empâtées. Passons sur le caractère arabisant des arcades tréflées, très contesté déjà au Puy. Le décor lui-même, on va le voir, est trop classique pour marquer une appartenance précise, mais certains éléments se retrouvent dans les zones de Saint-Flour et de Mauriac. Il s’agit donc bien d’une église de chez nous, simplement plus soignée qu’ailleurs, et qui a pu servir de modèle.

 

Suite (La sculpture)

 

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