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Jou-sous-Monjou

 

 

L’église de Jou-sous-Monjou offre beaucoup à voir. Elle est l’exemple parfait d’un art rural ouvert à la magie et aux traditions archaïques. Parallèlement, et c’est assez rare, la Bible est ici assez présente et l’on imagine volontiers dans le sculpteur de l’arc triomphal quelque clerc original féru d’ésotérisme.

 

 

L'église de Jou-sous-Monjou, dédiée à Notre-Dame de l’Assomption, est exceptionnelle à plus d’un titre, et d’abord par l’abondance de son décor sculpté, dans une région assez pauvre à cet égard. L’édifice date pour l’essentiel du XIIe siècle. Le XVe siècle vit l’adjonction de deux chapelles latérales qui donnent à l’ensemble la forme de la croix. Les voûtes d’ogives de la nef sont de cette époque : on voit dans la seconde travée, à la clef de voûte, les armes de Bernard VII d’Armagnac, et dans la première celles de Bernard VIII, ce qui nous amène au premier tiers du XVe siècle, entre 1422 et 1435 selon Rochemonteix. L’église en effet eut sans doute à souffrir des Anglais qui, en 1387, prirent le château de Montjou pour le démolir.

 

 

 

 

 

L'intérieur


 

  Si nous supprimons par la pensée les chapelles latérales nous aurons exactement la forme de l’édifice primitif : nef de deux travées, qui étaient trois au départ, suivie d’un chœur ouvert par un arc triomphal très saillant, terminée par une abside hémicirculaire. Le portail ouvre au midi. On remarque dans la nef, première travée en entrant, deux pilastres romans aujourd’hui sans emploi ; deux autres se trouvaient au niveau des chapelles et ensemble formaient trois travées séparées par des doubleaux.

  L’entrée du chœur est exceptionnellement rétrécie par la saillie des murs supportant l’arc triomphal à triple rouleau. Quatre colonnes à chapiteaux et tailloirs continus s’inscrivent dans les retraits. Une baie côté Sud donne du jour dans le chœur. Les murs latéraux s’ornent d’une arcature montée sur colonnes dont les chapiteaux sont épannelés ou ornés aux angles de volutes, les tailloirs étant très proéminents. On retrouve les mêmes chapiteaux dans l’abside semi-circulaire dont l’arrondi est orné de trois arcades au cintre bancal. Toutes les colonnes du chœur et de l’abside reposent sur un stylobate continu, coupé seulement à la jonction chœur-abside par deux pilastres. Les voûtes de cet ensemble ne sont plus d’origine mais reproduisent fidèlement le premier modèle.

  

 

 

 

 

 

Les chapiteaux


 

Les parties sculptées, à l’intérieur, se concentrent sur l’arc triomphal. De chaque côté un tailloir continu est soutenu par deux chapiteaux. Ceux de gauche sont ornés de motifs plus gravés que sculptés : rubans tressés et entrelacés, fleurs à cinq pétales, feuilles et volutes d’angle. Le tailloir s’orne en haut de deux bandes sinusoïdales entrelacées et en bas d’un damier à six rangs. 

Le programme du côté droit est plus développé : le seul chapiteau historié de l’ensemble montre sans doute le sacrifice d’Abraham. Le personnage de droite tient d’une main la tête d’un autre dans une position de soumission, et dans sa main droite un couteau. Un troisième personnage arrête le geste du premier. C’est assez exactement la représentation du récit biblique : Dieu commande à Abraham  de sacrifier son fils Isaac mais finalement empêche le sacrifice. Plus énigmatique est le personnage qui occupe l’autre face de la corbeille, tenant d’une main un olifant dans lequel il souffle avec vigueur, et de l’autre brandissant une lance. Notez que les parties sexuelles ont été brisées. Voilà qui rappelle fortement ce personnage du chapiteau dit de “saint Nicolas”, à Saint-Martin-Cantalès, qui adopte à peu près la même attitude et n’a comme ici apparemment rien à voir avec le reste de la scène.

 Aurions-nous affaire, pour ces deux sanctuaires, à un même sculpteur ? C’est possible. Là comme ici on a décoré tailloirs et bases d’entrelacs, de feuilles, de motifs géométriques. Thèmes et taille sont comparables.  Le doute est encore moins permis quand on voit que la cure de Jou-sous-Monjou était annexée au prieuré de Saint-Julien-des-Ponts, dont dépendait également Saint-Martin-Cantalès.

  Plus énigmatique encore, si c’est possible, est le tailloir décoré de petites têtes, l’une sous une arcade figurée portée par deux petites colonnes, une autre maintenue au niveau du crâne par une main poursuivie d’un bras sorti de nulle part, deux autres enfin, la première à gauche bouche fermée, la seconde bouche ouverte. Voilà qui évoque irrésistiblement le culte celtique des têtes coupées. La partie supérieure du tailloir quant à elle est occupée par une frise de rinceaux aux formes bien dégagées. Enfin, sur la partie de cet ensemble tournée vers le Nord, on lira l’inscription :  

 

ESTOTE ERGO S(AN)(T)I Q(U)IA EGO S(AN)C(TU)S SU(M) DIC(IT) (DOMINUS)  

Ce qui signifie “ Soyez donc saints parce que moi je suis saint, dit le Seigneur ”, phrase tirée de Levitique 19, 2, reprise dans la première épître de saint Pierre, 1, 16. A l’extrémité gauche du tailloir, avant l’inscription, se tient un petit personnage accroupi, vu de profil, une main sur un genou, l’autre tenant un long objet recourbé qui, regardez bien, part du bas ventre du personnage. Attribut phallique ? – On ne voit pas de quoi d’autre il pourrait s’agir, mais on ne voit pas davantage ce qu’une telle représentation fait ici.

 

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