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Plan
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Sculpture
intérieure
Nous
comptons à Roffiac vingt-cinq éléments sculptés :
douze chapiteaux et deux culots à l’intérieur, onze chapiteaux à l’extérieur.
Commençons par les parties intérieures.
1
– Chapiteau à feuilles formant des boules, culot en forme de tête.
Nous retrouvons ces deux motifs au même emplacement à Andelat. Le
même sculpteur a œuvré aux deux endroits. La tête humaine surtout
est d’une qualité remarquable et très typée.
2
– Feuilles sur le chapiteau, tailloir à billettes. Culot :
feuilles sur deux registres.
3
– Griffons au calice. Les
griffons sont disposés symétriquement de part et d’autre du calice,
le bec plongeant dans la coupe, une patte posée dessus en signe de
protection. Thème classique et très ancien dont nous
connaissons plusieurs exemplaires romains et gallo-romains. Les griffons
alors encadraient non un calice mais un vase funéraire ; ils
ne jouaient pas le rôle de monstre mais celui de protecteur.
Les chrétiens ont repris le motif et ont spontanément transformé le
vase en calice, réceptacle du sang du Christ. Ces griffons figurent
dans un nombre incalculable d’églises romanes, et très souvent en
Haute-Auvergne, avec calice ou sans. Mélange harmonieux de lion et d’aigle,
le griffon est donc essentiellement positif, bien qu’il soit
interprété ailleurs, plus rarement, dans un sens monstrueux négatif.
4
– Samson décrochant la
mâchoire du lion. Un lion occupe chaque face latérale de la corbeille,
dans des poses différentes. Des palmettes chétives remplissent les
angles supérieurs laissés libres, selon le programme “ aucun
espace perdu ”. Au centre de la composition un lion est
chevauché par un personnage assez maladroit qui de ses deux mains brise
la mâchoire de la bête. Thème très classique encore, pas seulement
illustratif mais certainement didactique : Samson symbolise la
victoire du Bien sur le Mal, de l’esprit sur l’animalité,
ici la force brutale et incontrôlée du lion.
5
– Feuilles et volutes d’angle, motif régional.
6
– Feuilles surmontées d’un ruban en zig-zag.
7
– Feuilles à pointes recourbées. Sur chaque face, au centre, en
haut, une petite tête tirant la langue, à mi-chemin de l’homme et du
chat.
8
– Feuilles recourbées.
9
– Sirènes. Ici comme
ailleurs les sirènes sont dotées d’une double queue, chaque branche
remontant jusqu’au visage, maintenue au niveau de la cheville par une
main. On observe ici une composition travaillée : les queues s’entrecroisent
au centre de la corbeille et se terminent en palmes ; cependant la
queue gauche de la sirène de droite n’a pas de palme mais, à la
place, une tête animale. Des feuillages remplissent les parties vides.
La poitrine est légèrement marquée et les cheveux défaits s’éparpillent.
Ce sont là des symboles classiques de la luxure, car la
femme qui se respecte se doit de cacher sa chevelure (et aussi,
évidemment, le reste de son corps). On note pourtant qu’un petit
pagne vient opportunément camoufler une zone anatomique plus gênante
à représenter.
10
– Feuilles, volutes d’angle, petite tête au centre.
11
– Tiges entrelacées terminées par des feuilles.
12
– Deux quadrupèdes collés par l’arrière train, têtes renversées
mordant l’une des extrémités de leur queue qui, passant sous l’abdomen,
remonte et se divise en deux, l’une des branches servant de tige à
une palmette. Composition strictement décorative et stéréotypée,
mais élégante.
La
distribution des motifs ne semble pas obéir à une règle précise.
Nous ne trouvons pas plus de figures didactiques dans le sanctuaire que
dans la nef (si l’on compte les chapiteaux de l’arc triomphal comme
appartenant à la nef). La plupart des sujets sont symboliquement
neutres, l’un est positivement chargé (Samson), à quoi l’on peut
ajouter les griffons, qui cependant peuvent n’être que
décoratifs ; un autre est négatif (les sirènes), mais sa
position dans l’abside surprend. C’est que, en réalité, il n’y
a pas à proprement parler de programme iconographique, sinon la lutte
générale du Bien et du Mal.
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