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L'Aurillacois

Bromme

Girgols

Jou-sous-Monjou

L'église de Saint-Victor

Carte des églises en Aurillacois

 

L’arrondissement d’Aurillac était un pays éclaté en diverses petites zones. La ville d’Aurillac toutefois, qui naît immédiatement après la mort de Géraud et pour ainsi dire sur ses reliques, a indéniablement joué un rôle central, attirant pèlerins et marchands.

 

 

 

 

 

 

 

 

Généralités

 

 

 

La vicomté de Carlat et saint Géraud d'Aurillac


 

Dans l’Aurillacois de l'époque romane, les possessions de l’abbaye de saint Géraud cohabitent avec le Carladez, dont le premier vicomte connu apparaît en 918. La plus grande partie de l’actuel arrondissement d’Aurillac lui appartenait, de même que la haute vallée de la Santoire, le mandement d’Escorailles au Sud du Mauriacois, le mandement de Dienne. Constitué dès le début du Xe siècle, le Carladez s’étend encore dans l’actuel Aveyron jusqu’à la Truyère et comprend l’ensemble du pays de Barrez (canton de Mur-de-Barrez). Le Carladez s’étendait encore dans l’actuel arrondissement de Saint-Flour, dans la région de Murat qui, selon la tradition, fut érigée en vicomté par démembrement de la vicomté de Carlat, et plus au Sud jusqu’à Vigouroux et Turlande.

  Rouergue et Auvergne coexistaient donc, si l’on peut dire, dans la vicomté de Carlat. C’est encore, d’un côté et de l’autre de la frontière, le même pays. On y parle le même occitan, on retrouve les mêmes toponymes et patronymes, la même architecture traditionnelle, et les églises se ressemblent (Bromme est une sœur de Raulhac et de Saint-Etienne-de-Carlat).

  Lorsqu’on fabriqua les départements, à la Révolution, on en profita pour ajuster les nouveaux territoires. C’est ainsi que plusieurs paroisses de la Basse-Auvergne par exemple, en Artense et Cézallier, passèrent au Cantal. La logique historique voulait que le Carladez restât uni, et la partie rouergate rattachée au Cantal. Cette idée avait des partisans en Rouergue, mais l’évêque de Rodez, Villaret et Andurand, chargés par les députés de négocier la chose, pensèrent autrement. Ils firent valoir notamment que la taille était réelle en Rouergue, et personnelle en Auvergne, en gros qu’on était plus imposé en haut pays d’Auvergne, puis que la ville d’Aurillac était trop éloignée et inaccessible. La demande des gens d’Auvergne fut donc rejetée et le Barrez devint définitivement aveyronnais.

  La promiscuité de la seigneurie ecclésiastique d’Aurillac et du Carladez provoqua bien des conflits, à Maurs et Montsalvy par exemple, car Aurillac possédait en Carladez des prieurés et des territoires issus de saint Géraud, dans l’actuelle Châtaigneraie. Saint-Géraud-d’Aurillac cependant se développa principalement dans la partie Nord de l’arrondissement, et possédait au XIIIe siècle la majeure partie des paroisses de Saint-Simon, Lascelle, Marmanhac, Reilhac, La Roquevieille, Naucelles, Crandelles, Jussac, ainsi que Viescamp et Conros, tenues en fief de la vicomté de Carlat.  

  

 

 

Les petits pays


 

Sous ces deux grandes seigneuries se dissimulent encore bien des pays différents aux particularismes plus subtils. Ce qu’on nomme aujourd’hui la Châtaigneraie, en gros tout le Sud de l’arrondissement, ne semble pas avoir d’unité réelle historique. Au Nord-Ouest d’Aurillac s’étendait le pays de Cantalès, sans réalité politique, mais qui existait en tant que “ pays ” depuis 885 au moins puisque à cette date on donna à l’abbaye de Beaulieu une église  quae est in orbe Arvernico in aice Catalense, au lieu dit Campellus, ainsi qu’une manse dans la villa de Karido. Ce pays s’étendait, selon Boudet, de Pleaux à Saint-Rémy au Nord, de Saint-Santin-Cantalès à Saint-Etienne-Cantalès à l’Ouest, et de Saint-Etienne jusqu’aux frontières d’Aurillac au Sud, en passant par Viescamp. A l’Est le Cantalès s’arrêtait avant Naucelles et Marmanhac, se poursuivant peut-être jusqu’aux montagnes. Les toponymes Saint-Martin-Cantalès (Sancto Martino de Chantals, 1267, SD I, 80), Saint-Etienne-Cantalès ou Saint Sentin de Cantalès (1365, SD II, 282), montrent encore l’ancienneté de cette désignation.

  Au IXe et Xe siècle, dit encore Boudet, la viguerie de Vert (Montvert, contenant Cros-de-Montvert, Rouffiac et Arnac) fut gagnée par le Limousin sur l’Auvergne. Montvert, du reste, est plus accessible côté Corrèze que côté Cantal, et l’on ne s’étonne pas d’y trouver une église romane “ limousine ” ou “ mauriaco-limousine ”.

  La frontière du Sud était également mouvante puisqu’en 936 Montmurat est dit in pago Ruthenico, de même que Saint-Constant et probablement Saint-Santin-de-Maurs qui encore aujourd’hui présente la particularité d’être à cheval sur deux départements, la “ frontière ” passant sur la place du village, entre les deux églises séparées par quelques mètres.

  Au Sud-Est du département existait un petit “ pays ”, le Veinazès, nommé en 1324, comprenant La Besserette, Sansac-Veinazès, Junhac… On pourrait parler encore, mais au conditionnel, du pagus Artintia autour d'Ytrac cité en 930 dans le Cartulaire de Conques, qui n’est pas l’Artense, au Nord du département, mais plus probablement le “ pays ” arrosé par l’Authre.

  L’arrondissement d’Aurillac, on le voit, était un pays éclaté en diverses petites zones. La ville d’Aurillac toutefois, qui naît immédiatement après la mort de Géraud et pour ainsi dire sur ses reliques, a indéniablement joué un rôle central, attirant pèlerins et marchands.

  La diversité géologique ajoute encore à cette apparence d’éclatement. La pierre volcanique domine au Nord et à l’Est d’Aurillac, tandis que la Châtaigneraie connaît le schiste et le granite, qu’on retrouve dans les églises. Montmurat et Saint-Santin-de-maurs sont déjà en zone calcaire. D’une manière générale les édifices sont construits avec les matières les plus proches. A Montsalvy on a préféré le schiste immédiatement disponible au granite plus noble, qui gît à quelques vingt kilomètres.  

   

 

Paysages


   

L‘ensemble de l’arrondissement est composé de campagnes heurtées, sauvages, à l’altitude variable, de 212 mètres à Vieillevie, sur les rives du Lot, au Plomb du Cantal qui culmine à 1855 mètres.

  La Châtaigneraie étale ses collines parfois élevées (près de 800 mètres à Montsalvy, et au-delà ici et là), creusées de gorges profondes aux flancs boisés. Sortir des routes Nationales équivaut à se plonger dans d’inquiétants méandres ou d’étroits chemins de crête d’où la vue parfois est immense. Les rives encaissées du Lot prennent un aspect plus nettement méridional, et l’on y voit pousser des palmiers. Gouffres et étonnantes tables basaltiques abondent autour de Carlat. A vol d’oiseau tout est près, mais la route suit les courbes et multiplie les lacets. Cela fait du Cantal en général un département immense, pas tant par la superficie que par le temps qu’il faut pour le traverser.

  Les sites sont souvent grandioses, et pas seulement près des hauteurs, comme dans les vallées de la Cère, de la Jordanne ou du Brezons.  Quand l’église qu’on va visiter est modeste, le paysage au moins vaut qu’on se déplace et la déception, pour celui qui sait s’émouvoir, ne sera pas au rendez-vous.

  Fort heureusement pour le touriste, moins pour le chômeur indigène, l’industrie chez nous est quasiment nulle. Ce sont partout des vaches qui, l’été, vont recoloniser les hautes estives. On produit depuis fort longtemps le “ meilleur fromage du monde ”, selon l’avis unanime des Cantaliens. Les fromages et la cuisine locale, qui les utilise beaucoup, sont comme nos églises : rustiques.

  Les barrages de Sarrans sur la Truyère, d’Enchanet sur la Maronne et de Saint-Etienne sur la Cère ont créé des lacs artificiels propices à la baignade ou à la méditation. Hélas le Cantal n’exporte pas seulement son électricité, mais aussi ses hommes, et la démographie est catastrophique. Il n’y a plus assez de curés pour les paroisses, et plus assez de paroissiens, si bien que le visiteur de nos églises trouvera souvent porte close, même en été. Dans le meilleur des cas la clef est détenue par l’Ancien ou l’Ancienne de la maison voisine, dans le pire des cas elle est introuvable, ou on refuse de la donner. Ces séquestrations arbitraires sont en Aurillacois, semble-t-il, plus fréquentes qu’ailleurs, ce qui montre assez l’irrationalité des craintes. Faut-il, parce qu’un ou deux voyous peuvent se cacher derrière le visiteur, cadenasser nos églises, ces anciennes maisons du peuple, et priver les Cantaliens mais aussi le reste du monde d’un juste droit de visite ou de recueillement ? La question malheureusement est posée.  

 

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Aurillac, ville romane

Quelques églises :

Bromme

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