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La famille mauriacoise

 

 

 

 

 

Exemples de "chapiteaux mauriacois" ou "cubiques" :

 le volume de la corbeille est formé d'un tronc de pyramide renversé, pénétré par un tronc de cône ; l'intersection de ces deux volumes détermine alors sur chacune des faces des arcs en demi-cercle, que souligne une légère saillie.

 

 

 

 

L'influence limousine


 

Il paraît possible de dégager quelques caractères architecturaux typiques de la région de Mauriac. L'influence du Limousin se lit très peu du côté d'Aurillac et de Saint-Flour, alors qu'elle est avérée dans le Mauriacois. Depuis le XVIIIe siècle au moins, le Limousin exportait chaque année des maçons, l'été venu, pour lesquels le Cantal était un véritable eldorado. Ceci explique qu'on ait affaire, en Corrèze et dans la région de Mauriac, jusque vers Murat, à des constructions paysannes assez semblables. Rochemonteix trouvait à cela une cause ethnique : l'auvergnat est un guerrier rude, disait-il, taillé pour le fer de l'épée, tandis que le limousin est un artiste, bâtisseur-né, à l'âme délicate. Explication poétique qui ne peut satisfaire l'historien d'aujourd'hui.

Nous disposons cependant d'un indice absolument décisif concernant l'influence du Limousin autour de Mauriac : la présence ici de ces fameuses fenêtres encadrées de colonnettes surmontées d'un boudin de même grosseur, et dotées de petits chapiteaux sans tailloir. Ce sont ces fenêtres qu'on a pris l'habitude de nommer “ fenêtres limousines ”, et qui sont comme une signature. Nous les trouverons à Mauriac, AlIy, Brageac, Saignes, etc. Certes elles ne sont pas systématiques, mais elles ne le sont pas plus en Limousin, tout comme le fameux “ clocher limousin ” reste finalement assez rare dans sa propre région. A cela ajoutons que les sculptures du porche d'Ydes sont également d'inspiration et de réalisation limousines : on en trouve les cousines à Beaulieu, Lagraulière, Serandon.  Mêmes remarques concernant certaines pentures datant de la fin de l'époque romane ornant des portes mauriacoises ou corrèziennes, et qui sont visiblement d'un même genre (Jaleyrac, Beaulieu, Veyrières, St-Vincent, Ydes, Lanobre pour le Cantal; Liginiac, Serandon pour la Corrèze).

Un chapiteau typique, présentant une tête humaine croquant les tiges de deux grosses feuilles, se trouve de part et d'autre de la “ frontière ”, à Chalvignac et Escorailles en Auvergne,et à Sérandon, Egletons, Ussel en Corrèze.

Enfin un dernier indice est la très forte présence en Mauriacois de ces reliquaires en émail champlevé limousin, plus que partout ailleurs en Auvergne. L'histoire confirme largement l'existence de ces liens très étroits unissant Limousin et Mauriacois.

 

La famille de Scorailles, par exemple, est aussi limousine qu'auvergnate. Géraud de Scorailles, mort en 1177, était évêque de Limoges. Un autre Géraud de Scorailles (son neveu?) était abbé de Tulle en 1153, tandis que le frère de ce dernier, Matfred, était doyen de Mauriac en 1154. Les communications des uns aux autres devaient être permanentes. Une autre grande famille limousine, les Ventadour, étendait son emprise de part et d'autre de la Dordogne, en Corrèze autour d'Egletons, et en Auvergne dans le mauriacois. Les seigneurs de Miremont (Chalvignac), Montclar (Anglards), Marlat (Auzers) etc., étaient leurs vassaux. La Dordogne était évidemment un lieu de passage plus qu'une frontière, mais influence n'est pas domination exclusive, et les églises du Mauriacois ne sont pas des églises limousines. Il manque ici les arcs et portails polylobés, les pendentifs plans en soutien des coupoles et, entre autres éléments encore, très fréquents en Corrèze, les grands arcs de décharge au chevet, retombant jusqu'au sol.  

L'influence de la Basse-Auvergne est également patente dans la décoration des corniches, dans le modillon à copeaux, dans les moulures qui font archivolte au-dessus des baies à l'extérieur, composées de billettes ou de torsades, dans la structuration du chevet en général, avec ces colonnes engagées remontant jusque sous la corniche. La sculpture des chapiteaux fournit d'autres preuves encore.

 

Bref le Mauriacois est une région à part dans cet ensemble qu'est la Haute-Auvergne. On peut donc parler d'une “ famille mauriacoise ”, étant entendu qu'à l'intérieur d'une famille on ne se ressemble pas toujours "comme deux gouttes d'eau"! Il reste qu'il existe bien, dans l'architecture et la sculpture, un type d'ensemble indéniable, et que ce type n'appartient qu'au Mauriacois (et, sans doute, une partie de la Corrèze), même si toute définition précise est osée. En outre, ces classifications et ces recherches en paternité sont toujours hasardeuses : nous ne disposons pas de ce système soi-disant infaillible qui, en comparant les A.D.N., permet d'établir les identités et les liens de parenté. 

 

 

 

 

L'école auvergnate


 

Existe-t-il même à proprement parler une école romane auvergnate?  

En 1898, à Clermont, du Ranquet donne un "cours d'art roman auvergnat", qu'on publia plus tard, où il n'est question que de quelques églises du Puy-de-Dôme. Bernard Craplet, dans son Auvergne Romane qui fait encore autorité, se limite de même aux édifices dits "majeurs" qui encadrent Clermont, et si les rééditions successives permirent d'affiner le propos et d'étendre l'étude, on se contenta de donner la monographie de trois églises cantaliennes (Mauriac, Brageac, Ydes). Sur les 130 édifices romans (au moins) qui subsistent dans notre département, cela fait peu. On pourrait citer beaucoup encore  : tout, ou presque, quoique moins aujourd'hui, se signale à notre attention par l'oubli du Cantal. Le procédé n'est pas illégitime, car on ne saurait parler de tout, mais voilà qui n'a jamais été l'Auvergne romane. Paradoxe, encore une fois  la vigueur des études sur l'art roman auvergnat vient de ce qu'on isole quelques édifices de leur contexte général, c'est-à-dire de l'Auvergne elle-même.

Qu'entendait-on et qu'entend-on encore par "art roman d'Auvergne"? Essentiellement l'architecture de cinq ou six édifices autour de Clermont (N.-D. du Port à Clermont, Orcival, St-Nectaire, St-Saturnin, Issoire...), caractérisés par les mêmes procédés de construction et qui ont entre eux plus qu'un air de famille : ce sont des églises jumelles, des quasi-clones. Il n'entre pas dans le cadre de cette étude de rappeler techniquement la spécificité de ces beaux monuments, très bien connus par ailleurs. Il n'est pas inutile toutefois de signaler l'essentiel afin de mesurer l'écart entre le "style" auvergnat et la réalité de cette Auvergne cantalienne qui nous occupe ici dans sa partie mauriacoise.

A l'extérieur d'abord, nous trouvons sous le clocher un vaste massif barlong, gros bloc parallélépipédique qui sert de lanterne à l'intérieur. De là surtout l'originalité immédiatement reconnaissable de l'école. Au-dessus s'élève le clocher, octogonal à deux étages. Au chevet, l'étagement très artistique des absides et absidioles. En ornementation, le fameux modillon à copeaux, systématique, venant soutenir la corniche décorée d'un damier; un cordon de billettes formant archivolte au-dessus des fenêtres court le long du chevet; des volées d'arcatures, des mosaïques, viennent égayer l'ensemble.

A l'intérieur, en restant très schématique une nef voûtée en berceau plein et lisse, c'est-à-dire sans arcs doubleaux de renfort, contrebutée par les collatéraux voûtés d'arêtes en bas, surmontés de tribunes voûtées en quart de cercle comme une série continue d'arcs-boutants. C'est ce contrebutement original qui permet l'absence des doubleaux dans la nef médiane. Une croisée à coupole montée sur trompes, lesquelles on l'a dit permettent le passage du carré à l'octogone. La coupole est en outre portée par de grands arcs diaphragmes qu'on dit archaïques. Au choeur, un déambulatoire. A l'entrée occidentale, un narthex.

Que retrouvons-nous en Haute-Auvergne? Pas grand-chose. Passons sur tout ce qui réclame une certaine taille (massif barlong, déambulatoire, chevet étagé, tribunes, narthex...), encore qu'à Mauriac, le plus vaste monument roman du Cantal, on ait pu s'attendre à retrouver ces éléments. Mais ailleurs ces absences peuvent s'expliquer. Il n'en va plus de même pour les voûtes pas de berceau lisse en Haute-Auvergne, peu de voûtes d'arêtes aux collatéraux (Mauriac, Brageac); à l'extérieur, pas de mosaïques, pas d'arcatures décoratives. Tout juste, on l'a vu, et pour la seule région de Mauriac donc, quelques modillons à copeaux, des cordons de billettes aux chevets et des colonnes-contreforts, parfois, au lieu de pilastres. Quand on ajoute à cela que maintes églises du Puy-de-Dôme ne répondent pas ou peu a cette définition, on voit qu'il faut parler non d'école “ auvergnate ” ni même d'école "limagnaise" mais plutôt d'école "clermontoise". Nous n'insistons pas plus là-dessus car ces faits sont assez connus.

L'oblitération de cette diversité a des causes, la principale tenant à ceci qu'on trouve autour de Clermont un ensemble d'édifices absolument semblables, fait peut-être unique. Il y avait là de quoi alimenter dès le milieu du XIXe siècle la théorie générale des "Écoles".  

 

 

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Caractères généraux

Quelques églises :

Saignes

Sauvat

Lanobre

 

 

 
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